vendredi 7 février 2014

Mon baptême indien

Deuxième piqûre faite, il est temps de boucler notre sac à dos et de nous remettre en route. Nouvelle étape : Alleppey, pour voir les célèbres backwaters du Kerala. Après un premier trajet de bus à l’indienne sous une trentaine de degrés jusqu’à la ville de Kollam, je souhaitais prendre le fameux bateau « croisière » qui remonte les 80 kilomètres jusqu’à Alleppey en empruntant les canaux navigables. Mais le bateau n’a rien de ce à quoi je m’attendais : beaucoup trop large, bien trop peu traditionnel. Nous décidons donc de reprendre le bus pour profiter des excursions en bateau directement sur place. A la gare des bus, R. est assailli par les rabatteurs de Guest Houses qui cherchent tous à lui vendre leur hébergement. Mais nous préférons reprendre nos bonnes habitudes : partir à pied en direction d’une adresse du Lonely Planet.



Nous trouvons finalement un autre hébergement, qui s'avère en fait être celui de l’un des rabatteurs, qui nous avait d’ailleurs couru après en nous insultant de menteurs pour nous demander de lui redonner sa carte de visite. Mais il n’est pas rancunier, nous non plus, et cela nous a fait tous rire au final. Le jeune de la Guest House me propose un tour de 4h sur un petit bateau traditionnel. Nous acceptons, cela nous évitera d'avoir à nous faire harceler par tous les guichetiers qui jonchent les bords de rivière dans la ville. L’embarcadère semble loin, nous devons donc attendre que son grand-frère vienne pour nous y amener en moto. Au bout d’un quart d’heure, il débarque : il est grand, ultra souriant, porte un casque de l’avant-guerre et semble avoir beaucoup d’humour. Cerise sur le gâteau : il s’appelle Oscar ! Pas courant pour un indien. Je monte donc en sandwich sur la moto, entre R. et Oscar, qui nous emmène à destination. Au bout d’un petit chemin, un petit bateau, mélange entre une barque, une toue-cabanée et une gondole, nous attend… avec notre « pagayeur ».




Passés quelques mètres, le pagayeur nous invite à « essayer de pagayer » : il deviendra assez insistant par la suite et ses arrêts fréquents nous feront comprendre que nous sommes plutôt « conviés à l’aider à pagayer ». Les paysages sont magnifiques. Je retrouve un peu l’ambiance des marais poitevins… en plus exotique et plus ensoleillée ! Pour me repentir de l’année de mes 14 ans où j’avais laissé mes parents pagayer sur les canaux du Poitou pendant que j’écoutais Cat Stevens dans mon baladeur, je décide d’aider ce pauvre homme. Mais après quelques dizaines de minutes, je commence à sentir le soleil me taper durement sur la tête hors nous n’avons même pas d’eau : le type de la Guest House nous avait dit que nous pourrions en acheter en chemin. Mais par « en chemin », il entendait « en chemin sur l’eau » et non pas « en chemin pour l’embarcadère ». Je finis donc par laisser l’homme pagayer seul de nouveau. Après tout nous le payons pour ça … et pas sèchement !



Après un déjeuner « traditionnel » fait de riz et de légumes en sauce disposés sur une feuille de banane qui sert d’assiette, je m’offre une noix de coco fraîche en dessert. Nous remontons dans le bateau… et déjà je commence à me sentir mal. En quelques minutes, la nausée m’atteint lourdement ! A chaque minute, mon état s’empire et je finis par me demander comment je vais pouvoir tenir les 2h de bateau restantes. J’accuse la noix de coco. Avec le recul, je me dis que je l’ai sans doute condamnée un peu hâtivement, mais à ce moment-là j’avais besoin d’un coupable.



Nous demandons au chauffeur de bien vouloir nous reconduire au plus vite à l’embarcadère. Mais il feint de ne pas comprendre et au lieu de cela, il s’arrête de pagayer, nous propose à plusieurs reprises d’aller boire du chaï et finit même par emprunter… un cul de sac ! « I don’t want a chaÏ, I’m sick. Please, take us back quickly, pleeease ! Are you laughing at me ?! Is this a dead-end way ?? I told you I’m badly sick and I really really need to go back to the Guest House…. NOW ! ». Là, j’ai commencé à me sentir vraiment désespérée. R. a donc dû se mettre aux pagaies.

Au bout d'une demi-heure, nous atteignons enfin le bord, où la providence m'a déposé un tuk-tuk vacant ! Le trajet jusqu’à l’hôtel aura été le plus long de tout le voyage. Eh bien oui, je n’aurais pas échappé à la « maladie » en Inde. Il paraît que ça survient toujours quand on prend trop confiance… j’avais effectivement dû être un peu optimiste en commandant une salade aux crevettes la veille, pour notre dernier soir dans les resort à l’occidentale de Varkala ! Ça m’aura valu quelques heures pas drôles du tout, vraiment pas drôles. Mais je m’en sort bien : le lendemain matin je suis déjà sur pieds !

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