Après deux bonnes semaines
passées à Pondichéry et heureuse d’avoir récupéré mon passeport, je décide
qu’il est temps de partir un peu à la découverte du pays. Mais je promets de
revenir à l’asso, car je me suis attachée à toutes ces familles et à
Bernadette, à qui je souhaite déjà revenir rendre visite. Mon ami R. m’a
rejointe et nous décidons de voyager ensemble. Nous partons d’abord pour le
Sud, objectif : atteindre la pointe sud de l’Inde, le bout du bout, à
Kanyakumari.
Premier trajet en bus de
nuit : les expériences forment la jeunesse, alors je sens que je me fais
déjà vieille. Je ne comprenais pas bien ce qu’entendait Bernadette en nous
disant que sur ce trajet « la route est très mauvaise ». Après une
nuit d’insomnie, réveillés toutes les 10 minutes par les secousses du bus, je
rejoins R. sur le fait qu’on privilégiera les trajets de jour pour la suite.
Nous atteignons la ville de Madurai au petit matin. Nous commençons la journée
par ce qui deviendra notre rituel, notre activité favorite : partir à la
rechercher d’un hébergement. Quelques visites plus tard, nous optons pour celui
qui nous semble au meilleur rapport qualité/prix. Certes le confort est sommaire,
mais je suis impressionnée de voir que l’on se loge pour moins de 10€ la nuit.
Après un nécessaire repos, nous partons à la découverte de la ville, réputée
pour son magnifique temple.
Le lendemain, nous reprenons la
route pour le sud. Nous traversons le
Tamil Nadu toute l’après-midi dans le bus, qui est bien plus agréable de jour
lorsque nous pouvons contempler les paysages montagneux et les routes bordées
de cocotiers sous un soleil estival. Nous arrivons à Kanyakumari à la tombée de
la nuit. Objectif : trouver un hôtel, dans nos prix (à moins de 12 € la
nuit), relativement propre et avec une chambre pour 2 personnes dotée d’une
fenêtre qui donne sur l’extérieur. Ce n’est pas chose si facile, car les
indiens ne partagent pas les mêmes critères de choix pour un hébergement :
ils préfèrent la télé à la fenêtre et leur notion de propreté et de confort est
différente de la nôtre. Mais nous trouvons finalement chaussure à notre pied. L’hôtel
est situé au cœur du centre touristique de Kanykumari et le personnel est très
agréable.
Nous passons une journée à
visiter la jolie petite ville de bord de mer et son village de pêcheur. Les couleurs
chatoyantes des maisons et bateaux s’offrent en spectacle devant nos yeux, contrastant
avec le bleu vif du ciel et de la mer. Depuis la petite île sacrée au large des
côtes, je découvre l’atmosphère spirituelle de l’Inde et je ressens la
sensation d’être « au bout du bout ».
Le jour suivant, nous repartons à
la gare routière prendre un bus pour le Kerala. Voyager sans aide d’une agence
en Inde est à la fois très simple et très compliqué. Très simple, car il y a
toujours un véhicule pour vous emmener quelque-part. Il n’est donc pratiquement
pas nécessaire de vérifier les connexions d’une étape à une autre, il suffit de
partir dans la direction souhaitée, on finit toujours par atteindre sa
destination. Mais c’est aussi très compliqué, car obtenir l’information sur l’heure
de départ, le temps de trajet, le prix et la destination exacte du véhicule
peut se révéler être un réel parcours du combattant. Parfois, il faut compter
plus de 3h pour parcourir 100km. Ce sera le cas pour cette fois : entre
les 3 changements de bus, les arrêts tous les 5km et la vitesse de pointe à
60km/h … on n’avance pas bien vite !
En soirée, nous atteignons la
capitale du Kerala, Trivandrum, dans laquelle nous devons donc passer la nuit. Un
nouveau marathon commence pour trouver un hôtel. Sous 30°, dans la nuit et avec
nos sacs d’une quinzaine de kilos sur le dos, nous visitons une quinzaine
d’hôtels avant d’en trouver un qui possède une chambre libre. Nous faisons la
rencontre d’un jeune homme, qui semble se soucier de nous voir errer dans les
rues avec nos sacs sur le dos et qui nous dis connaître un hôtel tenu par des
amis. Mais après plusieurs visites en sa compagnie, nous nous apercevons
rapidement qu’il ne connaît personne et qu’il souhaite juste rester avec nous
aussi longtemps que possible. Grâce à l’aide d’un réceptionniste attentionné,
nous finissons par semer le jeune homme intrusif. Chambre d’hôtel trouvée, nous
partons dîner dans un restaurant conseillé par le Lonely Planet. Il est plein à
craquer, alors les serveurs nous assoient alors face à un couple de jeunes
indiens. Je n’ai jamais vu ce genre de pratique au restaurant, mais nous sommes
plutôt contents de cette rencontre puisque nous en profitons pour échanger
pendant tout le repas, avec ces jeunes doctorants en psychiatrie et médecine. Le couple nous propose même de nous redéposer en
voiture à notre hôtel après le repas !
Le lendemain matin, je m’offre un
footing car je n’ai pas pu faire de réelle activité depuis mes longues marches
dans Jaipur. Mais au bout de quelques kilomètres, je suis stoppée par un chien
qui me suit et dont je n’arrive plus à me débarrasser. Je finis par réussir à
faire marche arrière et à le laisser derrière moi. Le jour suivant, nous
partons nous baigner. La plage est magnifique, l’eau fait une vingtaine de
degrés mais est bien agitée. Une vague nous propulse dans le sable, R. se
retrouve avec quelques égratignures anodines mais néanmoins la peau en sang.
Or, à peine nous quittons la plage, qu’arrivé de nulle part le chien qui
m’avait suivie la veille lui saute dessus et lui lèche sa plaie au genou.
Inquiets, nous sondons quelques locaux que nous croisons sur notre chemin,
ainsi que le propriétaire de l’hôtel : tous nous disent de façon
catégorique qu’il doit aller se faire vacciner. Le chien avait l’air sans
danger, mais nous sommes peu rassurés et nous décidons de suivre les conseils
unanimes.
Dimanche, 20h, nous partons à
l’hôpital. Nous avons la chance d’être conduits dans un hôpital privé a priori
propre et bien tenu. L’inscription ne prend pas plus de 5 minutes et coûte la
somme de 3€ à peine. Pour le prix, nous entrons tous les 2 en salle d’urgences,
où l’on se croirait plus dans un hall de passage que dans une salle de soins.
Le médecin ausculte R., sa décision est formelle : il faut vacciner contre
la rage et contre le tétanos. Le hic, c’est que le vaccin contre la rage
consiste en 5 injections à intervalles précises. On nous envoie à la pharmacie
de l’hôpital chercher les vaccins : il y en a pour 6€. Je comprends
maintenant pourquoi le tourisme médical se développe rapidement en Inde… !
J’apprendrai toutefois par la suite que les vaccins délivrés en Inde n’ont pas
la même composition que les vaccins européens, et peuvent donc se révéler
totalement inefficaces. L’hôpital privé est sans comparaison avec l’hôpital
public que j’avais visité à Jaipur, mais les normes d’hygiène restent néanmoins
beaucoup moins rigoureuses que chez nous : quiconque rentre facilement
dans la salle, l’infirmière fait asseoir R. sur le lit sans avoir mis aucune
protection au préalable et elle procède à la piqûre sans qu’on ne l’ait vue
avant se laver ou se désinfecter les mains…
9€ et 20 minutes plus tard, nous
repartons vers notre hôtel. Nous décidons alors de prolonger de quelques jours
ce séjour à Varkala, jusqu’à la date de l’injection suivante : maintenant
que nous connaissons l’hôpital et sa relative propreté, il est plus rassurant
d’y faire le prochain passage. Le prix de la chambre négocié à notre budget, nous
nous offrons 5 jours de vacances et de repos sous le soleil, la plage et les
cocotiers.
Même si Varkala est un microcosme
occidental, une sorte de mini-disneyland où les faux-hippies viennent passer
des vacances au soleil à moindre prix sous l’étiquette d’un séjour «relaxant »
à coup de massags ayaurvédiques et cours de yoga, le séjour n’en reste pas
moins sympathique. Nous profitons du grand air, des grandes plages de sable fin
quasi désertes, du soleil quotidien et de la mer à une vingtaine de degrés.
Nous faisons notre baptême de conduite en Inde : c’est notre première fois…
en scooter ! Les routes sont peu fréquentées, le lieu est donc parfait
pour apprendre et nous entraîner au 2 roues. Nous irons comme ça remonter les longues et
belles plages kéralaises, où, loin des autres touristes occidentaux, il devient
beaucoup plus aisé d’entrer en contact avec les gens du coin, particulièrement
chaleureux et souriants.
Le scooter nous offre aussi la liberté de sortir le soir (rentrer la nuit par le chemin côtier non éclairé fut certes une expérience, mais que je n’ai jamais souhaité réitérer, cela m’a juste inspiré de bons scénarios pour un thriller). Nous profitons alors du luxe de pouvoir manger des crudités dans les « resto à touristes » et de boire
des mojitos à moins de 2€. Ça ne fait pas cher le cocktail, mais j’ai tout de même décelé que
les serveurs censuraient l’alcool dans les verres des femmes (c’est comme ça
que j’ai appris à réclamer en Inde lorsque je me sentais lésée).
….Et puis finalement, en fréquentant quotidiennement
« la plage au chien », nous finissons même par nous attacher à l’animal
particulièrement affectueux qui a finalement tout sauf l’air d’un canin enragé !
Magnifiques toutes ces photos! On s'y croirait! Tu dois trouver fade la vie de retour en France? Quel beau voyage! Merci de nous y avoir fait participer et plein de gros bisous.
RépondreSupprimerMerci ! Sur le coup le retour est un peu déroutant oui, mais on se ré-habitue vite... Enfin il me tarde de repartir quand-même :)
Supprimeril y a eu une sacree inflation depuis que j'y suis alle .... dans le nord de l'inde je trouvais un hotel entre 20 et 30 euros et dans le sud, le moins cher que j'ai trouve c'etait a Pondichery pour moins de 5 euros la nuit ... Sinon je ne me serais jamais aventure a me baigner en Inde .... les plages etaient vraiment tres sales et pas entretenue ... notamment a madras ....et pour finir cote vaccin, je m'assure toujours de faire tout ce qui faut avant de partir .... vous etes de sacree aventurieres !!!
RépondreSupprimerOui, il est difficile aujourd'hui de trouver une chambre décente pour 5€ la nuit à Pondichéry !
SupprimerLes plages autour des villes sont effectivement sales, mais lorsque l'on s'éloigne sur la côte, c'est propre ! Il n'y a plus de plage à Pondichéry, mais je ne me serais jamais aventurée à m'y baigner s'il y en avait encore une ;)
Concernant les vaccins, les médecins que nous avons vus avant de partir n'ont pas conseillé la rage... Mais si R. avait été mordu, nous aurions peut-être envisagé le rapatriement pour qu'il soit vacciné en France...