Mon chauffeur m’a donc récupérée à l’aéroport de Dehli. Très
pressé, il me demande de le suivre. Je l’arrête quand-même pour lui demander
d’expliquer à Sarah comment rejoindre les salles d’embarquement afin qu’elle
récupère son vol pour Katmandou. Heureusement qu’il a pu nous l’expliquer, car
sans ça il aurait fallu être devin ou avoir une intuition surdimensionnée pour
trouver toutes seules ! Puis il indique également le métro à Veronica, et
je le suis jusqu’à la voiture garée dans le parking couvert.
Il rit lorsque je lui demande si je monte là en allant
ouvrir la porte côté droit : évidemment, j’allais oublier que les indiens
ont leur volant à droite et conduisent à gauche…
Le trafic sur la route de Delhi |
Certes, il fait nuit, mais rien ne laisse percevoir ce
fameux « choc culturel » ! Alors je profite de ce trajet à
rallonge pour inonder mon chauffeur de questions. Ajay Kumar est un jeune et
bel indien, qui parle vaguement anglais (pas du tout selon lui), mais pas moins
bien que la plupart des français et probablement mieux que la plupart des taxis
français ! Malgré son accent je parviens à le comprendre et nous pouvons
communiquer.
J’apprends donc que l’on distingue les véhicules agréés pour
le transport de personnes aux véhicules privés par la couleur de leur plaque
d’immatriculation : jaune pour les bus et taxis, blanche pour les
véhicules privés. J’apprends les bases en hindi : comment savoir dire
« go » et « stop ». Phonétiquement ça donne
« tchalo » et « couro » (avec des « r » roulés).
Il m’apprend également à dire au-revoir et merci, mais Kedar me dira par la
suite que ces mots ne sont pas vraiment utilisés. Je lui demande également pourquoi
les bouchons sont dans le sens « périphérie – Dehli » alors que le
sens inverse circule parfaitement (à la différence de la France ou les sorties
de ville à 18h sont totalement encombrées). Il m’explique que la majorité des
gens vivent à Dehli mais que les bureaux, et notamment tous les « call
centers » (centres d’appel pour les non-anglophones), se sont installés en
périphérie.
Peu avant 19h30, nous arrivons à l’endroit où je dois
prendre le bus pour Jaipur. Mon chauffeur m’accompagne jusqu’au guichet. C’est
une petite guitoune défraîchie comme on aurait pu en trouver au fin fond de
l’Andalousie. Nous attendons un long moment que la personne devant nous finisse
avec les vendeurs. Ils n’ont pas l’air pressés. Kedar m’avait prévenue que la
notion du temps est tout à fait différente en Inde. Pendant ce temps, j’en
profite pour déchiffrer le tableau des bus, et je vois qu’en théorie, mon
trajet me coûtera 700 roupies (8,75€). Lorsque c’est à mon tour, c’est bien ce
que me demande le vendeur. Je lui donne un billet de 1000, et il me rend 500.
Puis il me demande « 2 ». Alors je comprends qu’il souhaite que je
lui redonne 200. Je commence à sortir mes billets, et je vois alors tous les
gens autour de moi qui se mettent à hurler « no no ! two !
two ! ». Je ne comprends pas trop, je dis que je n’ai pas
« 2 » alors le vendeur me fait signe de laisser tomber et me délivre
mon ticket sur lequel il était inscrit « 502 roupies » : j’avais
dû passer en tarif jeune !
Mon chauffeur me donne les instructions : bien m’assoir
à la place numéro 22 et descendre au terminus. Je le remercie, et je me demande
si je dois lui donner quelque-chose, Kedar ne m’a rien dit à ce sujet. Je
suppose que le chauffeur travaille pour son agence et donc qu’il a pris en
charge les frais, mais je n’en suis pas certaine et je ne sais pas si je dois
donner un pourboire et si oui combien… Je vérifie auprès du chauffeur que je
n’aie rien à régler, mais je n’ose pas donner le billet de 100 roupies que je
lui ai préparé en guise de pourboire. Kedar m’a confirmé par la suite que
donner des pourboires aux chauffeurs était pratique courante, je suis déçue de
ne pas lui avoir donné, lui qui avait été si sympathique !
Je m’attendais à un bus inconfortable et plein à craquer
comme on me l’avait décrit : rien de tout cela ! J’ai presque autant
de confort dans ce bus que dans le bus TER qui fait Tours-Loches. J’ai même en
fait plus de confort : le chauffeur nous distribue une bouteille d’eau,
nous passe un film (en hindi, donc je ne comprends évidemment rien) et surtout…
les sièges se baissent pour dormir ! A peine ai-je le temps de lancer la
radio indienne sur mon baladeur MP3 que je m’endors aussitôt…
Avant de me rendormir, je décide de prendre en guise de
dîner le petit-déjeuner de Saudia Airlines que je n’ai pas mangé le matin. A
peine l’ai-je terminé que le bus s’arrête sur une aire d’autoroute où se trouve
un grand hôtel un peu défraîchi, avec une espèce de resto-cafétéria. Encore une
fois, cela me rappelle l’Espagne. Je n’ai rien à faire et je suis endormie,
mais je décide de descendre quand-même pour explorer les lieux. Je rentre dans
la cafétéria, et je déchiffre le menu. Les noms des plats sont alléchants mais
je n’ai plus faim et je n’ose pas trop commander de la nourriture indienne, on
m’a trop mise en garde sur les conséquences possibles d’un manque de vigilance.
Je cherche donc à me renseigner sur le temps d’arrêt, pressée de repartir.
J’aborde une indienne qui est avec moi dans le bus (Kedar m’avait bien mise en
garde pour me dire dde e ne pas parler aux hommes seuls). Visiblement elle ne
comprend pas l’anglais et répond « no » à toutes mes questions. Tant
pis. Je pars remonter dans le bus et me rendors. Nous repartons au bout d’une
vingtaine minute. Je passe le reste du trajet à dormir, tellement pressée d’arriver…
Je reçois un message de Kedar me disant que son chauffeur
viendra me chercher à la gare des bus. Vers minuit et demi, le bus quitte
l’autoroute. Je me dis que nous arrivons enfin. Ce n’est qu’après 30 minutes
supplémentaires que nous rentrons dans Jaipur. La ville semble paisible et
l’architecture remarquable. Je m’imagine que nous traversons les riches
quartiers. Arrivés à la gare des bus, c’est tout autre chose : je découvre
un concentré de vie. Et quand je parle de vie… il s’agit aussi bien de gens que
d’animaux ! En descendant du bus, le chauffeur m’attend bien avec mon nom
sur une feuille de papier. Je découvre ce que les voyageurs voulaient dire
lorsqu’ils parlaient des odeurs en Inde. Nous montons dans la voiture, le
chauffeur m’emmène jusqu’à chez Kedar.
Je le retrouve donc au coin de sa rue. Il me fait entrer
chez lui et me montre ma chambre : on m’avait préparé un lit, et un petit
chauffage. Je ne peux pas prendre de douche car tout le monde dort déjà, et je
n’aurai de l’eau chaude que le lendemain matin. Je suis sale mais épuisée,
alors ça ira bien comme ça. Nous échangeons quelques mots, et je pars me
coucher.
…pour une longue nuit car je ne me réveillerai qu’à 13h30 le
lendemain !