Dans l’avion, je change ma place pour la céder à une dame
qui souhaitait s’asseoir à côté d’une vieille connaissance qu’elle a retrouvée
par hasard. Je fais deux heureux, et moi ça ne me change pas grand-chose !
A ma nouvelle place, je fais connaissance avec mon voisin, dont l’écran est en
panne. Nous commençons à parler. Mohan est indien, mais doctorant à
Perpignan en informatique. En échangeant quelques mots, nous nous apercevons
rapidement que son ex-copine et moi étions la même année dans le même cursus
universitaire. Son nom ne me dit rien, mais nous avons probablement suivi des
cours ensemble. Encore une fois, je me dis que le monde est petit. Cette
coïncidence nous rapproche et nous continuons à discuter un moment. Mohan part
pour 2 mois rendre visite à sa famille, à côté de Chennaï. Ce n’est pas loin de
Pondichéry où je me rendrai pour la mi-janvier. Nous échangeons donc nos
contacts et prévoyons de nous revoir.
A la descente de l’avion, le passage au crible de la
surveillance saoudienne commence à susciter des échanges dans la file
d’attente. Je suis toujours avec Mohan qui est très sociable et commence à
parler à tous nos voisins de queue. Après une fouille au corps par une
Saoudienne en burka dans une pièce qui ressemble à une cabine d’essayage, on me
laisse finalement partir tranquille. Ce n’est pas le cas de mon voisin qui a eu
le malheur d’acheter une bouteille d’alcool au Duty-Free de Charles de Gaulle.
Les Saoudiens sont visiblement plus intransigeants que leurs voisins du Qatar
et ils ne le laissent pas garder sa bouteille sur lui. J’apprendrai par la
suite que l’alcool n’est qu’officiellement interdit : les riches
politiques et hommes d’affaires saoudiens s’en procurent à profusion pour leurs
fêtes privées et autres réceptions.
Je pars m’installer avec Mohar en porte 21, où Saudia
Airlines doit nous servir un repas à 21h30. Après quelques dizaines de minutes,
nous retrouvons plusieurs voisins d’avion. Très vite, nous formons un groupe.
Il y a Marie et Stéphane, un couple franco-martiniquais qui passe tous les ans
des vacances à Pondichéry avec leur petite fille Margot, l’anglais francophone
qui part apprendre les techniques de Peaceful communication dans un institut du
Sud de l’Inde, Elisabeth, quinquagénaire catholique qui se rend régulièrement
mener des projets en Inde, le quadragénaire marginal qui part en Indonésie, et
enfin Véronica et Sarah, qui deviendront mes camarades d’aéroport puisque nous
prenons le même vol le lendemain matin pour Dehli.
Après un repas chaleureux où l’anglais et le quadragénaire
se chargent de l’ambiance au son de la guitare, nous tombons de fatigue. Marie
et Stéphane tentent d’endormir Margot, qui finit par vomir dans les fauteuils
du coffee-shop Saoudien, tandis que Sarah tricote, que Veronica et Elisabeth
parlent Yoga et que Mohan discute avec tous ceux qui ne sont pas déjà livrés à
leurs occupations. Tout le groupe attend la correspondance pour Chennai de
3h30. Mais Veronica, Sarah et moi devons patienter jusqu’à 10h15 le lendemain.
Tout le groupe au repas |
L'anglais et sa guitare |
Après étude des conditions dans lesquelles nous pourrions –
essayer de – dormir, nous décidons finalement de tenter d’aller nous allonger
en salle de prière. Car oui, les avions et aéroports d’Arabie Saoudite sont
dotés de salles dédiées, et séparées par genres. Nous pénétrons timidement dans
la salle où les femmes en burka nous dévisagent. Mais lorsque nous constatons
que certaines discutent à voix haute, que d’autres téléphones tandis que
certaines dorment déjà, nous jugeons qu’il n’est pas inapproprié de nous
coucher là à notre tour. Nous n’aurions pas rêvé à de meilleures conditions
pour dormir dans un aéroport : une salle chauffée, un tapis de sol, des
lunettes cache-yeux et des couvertures (récupérées dans l’avion) ! Nous
voilà parties pour une très bonne nuit de …4h ! Effectivement, nous avons
trouvé bon de sortir un peu avant 6h, lorsque la salle a commencé à se remplir
de femmes venant pour prier.
Après un petit-déjeuner partagé avec ce que nous avions
chacune en réserve (et avant que l’on ne s’aperçoive que Saoudia Airlines nous
offrait également le petit-déjeuner !), nous attendons notre vol. Une
queue commence à se constituer devant la porte d’embarquement : il
semblerait qu’il n’y ait QUE des indiens, et pas d’indienne.
Dans l’avion, nous réalisons que nous sommes effectivement à
peu près les 3 seules femmes de l’avion, et qui plus est les 3 seules
occidentales. Nous cherchons nos places, en espérant pouvoir interchanger avec
nos voisins pour pouvoir nous assoir à côté. Mais nous nous rendons rapidement
compte que nos places sont déjà prises : dans cet avion rempli d’indiens,
les places attribuées ne veulent pas dire grand-chose ! Nous repérons une
rangée de 3 sièges vides, sur laquelle nous nous précipitons. Les rangées étant
bouchées, nous décidons de prendre un raccourci et traversons la rangée où sont
déjà assis deux indiens. C’était à la limite de l’indécence que de passer sur
leurs genoux avec nos tenues d’occidentales… mais le confort de notre vol étant
en jeu, nous ferons semblant de ne pas nous en rendre compte !
Une blonde à moustache au milieu des indiens... |
Une fois atterries à Delhi, c’est là que nos chemins se
séparent. Sarah doit reprendre un vol pour Katmandou où elle ira rejoindre une
amie avec qui elle voyagera pendant un mois dans tout le Népal. Veronica
prendra le métro pour rejoindre son hôtel au centre de Dehli, première étape de
sa visite du Rajasthan avant de partir en stage de yoga pour un mois, au nord
du pays. Quant à moi, je dois retrouver mon chauffeur qui m’attend probablement
depuis bien longtemps vu le temps qu’on a attendu pour récupérer nos sacs et
changer de la monnaie.
Mes copines de vol |
Mon chauffeur est là, il m’attend avec une pancarte
« Amélie PERRIN ». Je me sens un peu comme une occidentale assistée,
mais j’avoue que c’est rassurant d’être prise en charge en débarquant fatiguée
dans ce pays inconnu.
C'est drôle cette histoire d'ex copine dans le même cursus que toi ! Même en Inde tu arrives a vivre des coïncidences de ouf :)
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