mardi 31 décembre 2013

Mes premiers pas sur le sol indien ou l’attendu « choc culturel »

Mon chauffeur m’a donc récupérée à l’aéroport de Dehli. Très pressé, il me demande de le suivre. Je l’arrête quand-même pour lui demander d’expliquer à Sarah comment rejoindre les salles d’embarquement afin qu’elle récupère son vol pour Katmandou. Heureusement qu’il a pu nous l’expliquer, car sans ça il aurait fallu être devin ou avoir une intuition surdimensionnée pour trouver toutes seules ! Puis il indique également le métro à Veronica, et je le suis jusqu’à la voiture garée dans le parking couvert.
Il rit lorsque je lui demande si je monte là en allant ouvrir la porte côté droit : évidemment, j’allais oublier que les indiens ont leur volant à droite et conduisent à gauche… 

Le trafic sur la route de Delhi
Pris dans les embouteillages pour Dehli, nous avons dû mettre près d’une heure pour parcourir les 25 kilomètres qui nous séparent de la gare des bus. Je découvre donc mes premières images de l’Inde : on m’avait prédit le choc culturel, je suis donc assez surprise du peu de différences que je constate avec les pays occidentaux : nous roulons sur une 6 voies séparées d’un terrain centrale, un métro aérien suit notre trajectoire, nous sommes entourés de voitures modernes dont beaucoup de marques japonaises,… Je remarque simplement que la conduite est beaucoup moins règlementée que chez nous, qu’elle fonctionne aux klaxons, que des gens marchent sur la route même lorsqu’il s’agit d’une quatre voix et enfin qu’à certains endroits, des amas de gens laissent supposer qu’il y a un arrêt de bus même si aucun panneau ne le signale.

Certes, il fait nuit, mais rien ne laisse percevoir ce fameux « choc culturel » ! Alors je profite de ce trajet à rallonge pour inonder mon chauffeur de questions. Ajay Kumar est un jeune et bel indien, qui parle vaguement anglais (pas du tout selon lui), mais pas moins bien que la plupart des français et probablement mieux que la plupart des taxis français ! Malgré son accent je parviens à le comprendre et nous pouvons communiquer.
J’apprends donc que l’on distingue les véhicules agréés pour le transport de personnes aux véhicules privés par la couleur de leur plaque d’immatriculation : jaune pour les bus et taxis, blanche pour les véhicules privés. J’apprends les bases en hindi : comment savoir dire « go » et « stop ». Phonétiquement ça donne « tchalo » et « couro » (avec des « r » roulés). Il m’apprend également à dire au-revoir et merci, mais Kedar me dira par la suite que ces mots ne sont pas vraiment utilisés. Je lui demande également pourquoi les bouchons sont dans le sens « périphérie – Dehli » alors que le sens inverse circule parfaitement (à la différence de la France ou les sorties de ville à 18h sont totalement encombrées). Il m’explique que la majorité des gens vivent à Dehli mais que les bureaux, et notamment tous les « call centers » (centres d’appel pour les non-anglophones), se sont installés en périphérie.

Peu avant 19h30, nous arrivons à l’endroit où je dois prendre le bus pour Jaipur. Mon chauffeur m’accompagne jusqu’au guichet. C’est une petite guitoune défraîchie comme on aurait pu en trouver au fin fond de l’Andalousie. Nous attendons un long moment que la personne devant nous finisse avec les vendeurs. Ils n’ont pas l’air pressés. Kedar m’avait prévenue que la notion du temps est tout à fait différente en Inde. Pendant ce temps, j’en profite pour déchiffrer le tableau des bus, et je vois qu’en théorie, mon trajet me coûtera 700 roupies (8,75€). Lorsque c’est à mon tour, c’est bien ce que me demande le vendeur. Je lui donne un billet de 1000, et il me rend 500. Puis il me demande « 2 ». Alors je comprends qu’il souhaite que je lui redonne 200. Je commence à sortir mes billets, et je vois alors tous les gens autour de moi qui se mettent à hurler « no no ! two ! two ! ». Je ne comprends pas trop, je dis que je n’ai pas « 2 » alors le vendeur me fait signe de laisser tomber et me délivre mon ticket sur lequel il était inscrit « 502 roupies » : j’avais dû passer en tarif jeune !

Mon chauffeur me donne les instructions : bien m’assoir à la place numéro 22 et descendre au terminus. Je le remercie, et je me demande si je dois lui donner quelque-chose, Kedar ne m’a rien dit à ce sujet. Je suppose que le chauffeur travaille pour son agence et donc qu’il a pris en charge les frais, mais je n’en suis pas certaine et je ne sais pas si je dois donner un pourboire et si oui combien… Je vérifie auprès du chauffeur que je n’aie rien à régler, mais je n’ose pas donner le billet de 100 roupies que je lui ai préparé en guise de pourboire. Kedar m’a confirmé par la suite que donner des pourboires aux chauffeurs était pratique courante, je suis déçue de ne pas lui avoir donné, lui qui avait été si sympathique !
Je m’attendais à un bus inconfortable et plein à craquer comme on me l’avait décrit : rien de tout cela ! J’ai presque autant de confort dans ce bus que dans le bus TER qui fait Tours-Loches. J’ai même en fait plus de confort : le chauffeur nous distribue une bouteille d’eau, nous passe un film (en hindi, donc je ne comprends évidemment rien) et surtout… les sièges se baissent pour dormir ! A peine ai-je le temps de lancer la radio indienne sur mon baladeur MP3 que je m’endors aussitôt… 

Je suis réveillée par une envie très pressante d’aller aux toilettes : il est 21h. Je crains qu’il ne nous reste encore 3h et demi de route et qu’il sera donc impossible de me retenir. Par chance, le bus s’arrête à une station d’essence. J’ai peur de descendre et que le bus reparte sans moi. Mais voyant une autre femme quitter le bus, je la suis : elle allait justement aux toilettes. Des toilettes à la turc : vais-je connaître le choc culturel ? On m’a tant parlé des toilettes en Inde… J’évite de respirer par le nez, et finalement, il n’y a pas vraiment de différence entre ces toilettes et quelconque WC public français peu entretenu. Je remonte dans le bus, soulagée. Finalement, on me dirait que je me trouve en Espagne profonde, j’y croirais.
Avant de me rendormir, je décide de prendre en guise de dîner le petit-déjeuner de Saudia Airlines que je n’ai pas mangé le matin. A peine l’ai-je terminé que le bus s’arrête sur une aire d’autoroute où se trouve un grand hôtel un peu défraîchi, avec une espèce de resto-cafétéria. Encore une fois, cela me rappelle l’Espagne. Je n’ai rien à faire et je suis endormie, mais je décide de descendre quand-même pour explorer les lieux. Je rentre dans la cafétéria, et je déchiffre le menu. Les noms des plats sont alléchants mais je n’ai plus faim et je n’ose pas trop commander de la nourriture indienne, on m’a trop mise en garde sur les conséquences possibles d’un manque de vigilance. Je cherche donc à me renseigner sur le temps d’arrêt, pressée de repartir. J’aborde une indienne qui est avec moi dans le bus (Kedar m’avait bien mise en garde pour me dire dde e ne pas parler aux hommes seuls). Visiblement elle ne comprend pas l’anglais et répond « no » à toutes mes questions. Tant pis. Je pars remonter dans le bus et me rendors. Nous repartons au bout d’une vingtaine minute. Je passe le reste du trajet à dormir, tellement pressée d’arriver…

Je reçois un message de Kedar me disant que son chauffeur viendra me chercher à la gare des bus. Vers minuit et demi, le bus quitte l’autoroute. Je me dis que nous arrivons enfin. Ce n’est qu’après 30 minutes supplémentaires que nous rentrons dans Jaipur. La ville semble paisible et l’architecture remarquable. Je m’imagine que nous traversons les riches quartiers. Arrivés à la gare des bus, c’est tout autre chose : je découvre un concentré de vie. Et quand je parle de vie… il s’agit aussi bien de gens que d’animaux ! En descendant du bus, le chauffeur m’attend bien avec mon nom sur une feuille de papier. Je découvre ce que les voyageurs voulaient dire lorsqu’ils parlaient des odeurs en Inde. Nous montons dans la voiture, le chauffeur m’emmène jusqu’à chez Kedar.

Je le retrouve donc au coin de sa rue. Il me fait entrer chez lui et me montre ma chambre : on m’avait préparé un lit, et un petit chauffage. Je ne peux pas prendre de douche car tout le monde dort déjà, et je n’aurai de l’eau chaude que le lendemain matin. Je suis sale mais épuisée, alors ça ira bien comme ça. Nous échangeons quelques mots, et je pars me coucher.
…pour une longue nuit car je ne me réveillerai qu’à 13h30 le lendemain !


2 commentaires:

  1. Très intéressants ces premiers articles et très bien écrits !

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  2. Ca donne envie, merci de nous faire voyager!!!!
    Adèle

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