lundi 6 janvier 2014

Un week-end à la campagne, dans la peau d’une ministre

Samedi, 3 amis français de Kedar nous ont rejoints à Jaipur. Ils resteront là deux nuits avant de partir pour un tour dans le Rajasthan. Pour l’occasion, Kedar et Rajendra, son collègue indien et ami, nous ont concocté un petit week-end à la campagne dans la ville d’origine de Rajendra.

Notre chauffeur vient nous chercher à domicile avec un pick-up 7 personnes. Puis nous partons pour 3 heures de route en direction de Mandawa, une « petite » ville au Nord de Jaipur. Ancien carrefour de routes commerçantes, notamment située sur la route de la soie, Mandawa abrite de très nombreux hôtels particuliers, les haveli, aujourd’hui pour beaucoup à l’abandon ou reconverties en hôtels de charme. Notre première étape est d’ailleurs l’un de ces hôtels, commercialisé par l’agence de Kedar. Après la visite de ce magnifique établissement (où une nuit ne vaut pourtant que 30€), une table est dressée pour nous sur la terrasse. Nous profiterons alors d’un copieux et très bon repas sous un bain de soleil. L’hôtelier nous demande si l’on souhaite faire un tour en chameau : j’avais justement envie d’essayer ! Vœu exaucé : après le repas, nos chameliers nous attendent au pied de l’hôtel.

L'haveli transformé en hôtel de charme

L'une des salles de l'hôtel
La table dressée spécialement pour nous


Avec mes 3 camarades français, nous partons donc faire un petit tour de la ville en chameaux. Je suis contente d’en avoir fait l’expérience, mais une fois me suffira. Je ne savais pas que le chamelier devait rester à terre et conduire lui-même le chameau. Au final, je me suis vraiment sentie comme une riche occidentale qui fait son petit tour sur le dos d’un animal, observant de haut la vie locale, avec mon chamelier dédié. Sans compter que le mouvement du chameau peut donner le mal de mer ! Descendus du chameau, Christophe et moi avons beaucoup « trop » payé notre chamelier : nous n’avions pas de « petits » billets et surtout aucune idée du montant que nous devions lui donner ! Il faut un certain moment afin d’intégrer la valeur des biens et des services ici…

Du dos de notre chameau...

...on regarde les habitants de haut...


Peut-être le futur hôtel de Kedar
Après un tour des haveli en recherche d’investisseur, puis un chaï sous le soleil à l’hôtel, nous reprenons la route, pour le village d’Udaipurwati, où Rajendra nous a réservé deux chambres dans une Guest House pour la nuit. Ce type de Guest House sert habituellement pour recevoir les familles lors des mariages, car jamais aucun touriste ne se rend dans cette ville. Nous nous installons, puis nous suivons Rajendra à travers les rues jusqu’à son petit jardin suspendu où un feu de camp nous attend. Il fait bon malgré la nuit tombée, nous nous éclairons et nous réchauffons grâce au feu central, tous bien installés dans des fauteuils de jardin acheminés jusqu’ici pour nous. Tous… pas tout à fait ! Il y a une place pour nous français et Kedar, une place ou deux supplémentaires, mais pas une pour tous les membres de la famille venus pour nous rencontrer. On nous sert des verres de rhum-coca, à base du rhum local (un rhum brun très goûteux, et assez traître de fait). Mais nous sommes les seuls à boire : en Inde, la consommation d’alcool est quelque-chose qui se fait « en secret ». Ce sont plutôt les hommes qui, lorsqu’ils se retrouvent juste entre eux le soir et sans membre de leur famille, vont se permettre de consommer.

Visite des haveli laissés à l'abandon



Je suis la seule femme dans ce groupe, nous sommes les seuls à boire, et je bois du rhum dans un pays où il n’est même pas envisageable que les femmes consomment de l’alcool. Dans le village, qui a hérité de certaines traditions musulmanes, les femmes ne découvrent même pas leur visage, entièrement couvert par un foulard. Je suis donc assez gênée de cette situation… mais j’avoue ne pas avoir eu envie de m’adapter à la place de la femme dans la société indienne. Après tout, ça ne semble choquer personne, sans doute parce-que je suis occidentale justement et qu’ils se doutent que les choses sont différentes pour les femmes françaises. Mais en même temps, ils n’ont qu’une façade des choses et ne réalisent probablement pas que c’est toute la société qui fonctionne autrement : d’où la mauvaise interprétation par les hommes indiens de la « femme libre » occidentale. Certains doivent plus y voir une femme « libertine » que « libre ».
Au moment du repas, ils sont plusieurs à nous servir, et sont à nos petits soins pour veiller à ce qu’on ne manque de rien. Encore une fois, le repas est délicieux, très copieux et… nous sommes les seuls à manger ! Je demande à Rajandra pourquoi ils ne mangent pas avec nous : les invités d’abord. Encore une fois c’est un peu gênant, mais très touchant.

Udaipurwati au petit matin
Le lendemain, Rajendra nous attend au Guest House à notre réveil. Evidemment nous sommes en retard mais cela est chose courante en Inde, à tel point que je suis la première à être prête ! Rajendra nous fait aller chercher du chaï. Puis nous décollons pour une visite à pied de la ville. D’abord, une magnifique construction d'anciens bains. De grands escaliers descendent jusqu’à un bassin. Mais cette merveille historique est ici un lieu comme un autre et les marches sont envahies de rondins de bois et de grains de maïs dévorés par les oiseaux.  Je décide de suivre les garçons qui descendent quand-même, en veillant à être vigilante pour ne pas tomber dans les rondins de bois. C’est passé, je continue ma descente : je n’avais pas prévu que les grains de maïs seraient plus dangereux ! Mes deux pieds glissent sur les grains, et je chute d’un coup sur les fesses, en descendant deux marches avant de réussir à m’arrêter avec les coudes.

Les marches fatales

Le temps de reprendre mes esprits, les garçons m’avaient rejointe pour voir si tout allait bien, deux villageois déblayaient les rondins de bois et quinze villageois observaient la scène du haut des marches. Plus de peur que de mal, je m’en sors avec deux beaux hématomes et un torticolis. Nous remontons à la voiture, tous les villageois nous observent et se soucient de mon état. Nous partons lentement vers la maison de Rajendra : les villageois sont maintenant une vingtaine, et nous suivent ! Voilà même une voiture de presse qui arrive. Nous descendons chez Raj, sa famille nous accueille encore très chaleureusement. Je vais nettoyer ma plaie, je suis suivie par un membre de la famille qui me bombarde de photos. En train de marcher, de rincer mon bras, de le savonner, de repartir,… C’est très étrange d’être perçue comme une star ! 
Nous nous installons au soleil dans le jardin et on nous sert du chaï. De nouveau, deux types nous prennent en photo sous tous les angles : j’apprends qu’il s’agit bel et bien de la presse ! La télé régionale a eu écho du fait que des touristes occidentaux étaient dans le village : cela n’est pas arrivé depuis 15 ans alors nous faisons l’objet d’un reportage. Après avoir été filmés et photographiés en train de boire de chaï, ce sera en train de manger le petit-déjeuner local, des galettes de pomme de terre et de la faisselle (qui ne sont pas sans rappeler les spécialités berrichonnes !), puis en train de manger des bananes… Enfin, nous sommes interviewés pour répondre à des questions qui nous laissent… perplexes. Le journaliste me demande « Comment avez-vous trouvé les galettes qu’on vous a servies pour le repas hier ? ». Pas évident de faire dans l’originalité pour répondre à cette question… !

Après cette expérience dans la peau de ministre, nous repartirons pour Jaipur en traversant les montagnes qui jouxtent la région : les paysages sont magnifiques. Il fait beau et chaud, on se sent parfaitement en vacances.

Kedar, Stéphane & Stéphane, Rajendar, Christophe et notre chauffeur





1 commentaire:

  1. Et bien dis donc, toujours autant de beaux détails!! c'est très agréable de te suivre dans ton périple. Comme quoi c'est souvent des petites choses qu'il faut se méfier...des grains de maïs...à quoi se fier;-)! à bientôt la puce gros bisous et vas-y mollo!!!!

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