Samedi, 3 amis français de Kedar nous ont rejoints à Jaipur.
Ils resteront là deux nuits avant de partir pour un tour dans le Rajasthan.
Pour l’occasion, Kedar et Rajendra, son collègue indien et ami, nous ont
concocté un petit week-end à la campagne dans la ville d’origine de Rajendra.
Notre chauffeur vient nous chercher à domicile avec un
pick-up 7 personnes. Puis nous partons pour 3 heures de route en direction de
Mandawa, une « petite » ville au Nord de Jaipur. Ancien carrefour de
routes commerçantes, notamment située sur la route de la soie, Mandawa abrite
de très nombreux hôtels particuliers, les haveli, aujourd’hui pour beaucoup à
l’abandon ou reconverties en hôtels de charme. Notre première étape est
d’ailleurs l’un de ces hôtels, commercialisé par l’agence de Kedar. Après la
visite de ce magnifique établissement (où une nuit ne vaut pourtant que 30€),
une table est dressée pour nous sur la terrasse. Nous profiterons alors d’un
copieux et très bon repas sous un bain de soleil. L’hôtelier nous demande si
l’on souhaite faire un tour en chameau : j’avais justement envie
d’essayer ! Vœu exaucé : après le repas, nos chameliers nous
attendent au pied de l’hôtel.
L'haveli transformé en hôtel de charme |
L'une des salles de l'hôtel |
La table dressée spécialement pour nous |
Avec mes 3 camarades français, nous partons donc faire un
petit tour de la ville en chameaux. Je suis contente d’en avoir fait
l’expérience, mais une fois me suffira. Je ne savais pas que le chamelier
devait rester à terre et conduire lui-même le chameau. Au final, je me suis
vraiment sentie comme une riche occidentale qui fait son petit tour sur le dos
d’un animal, observant de haut la vie locale, avec mon chamelier dédié. Sans
compter que le mouvement du chameau peut donner le mal de mer ! Descendus
du chameau, Christophe et moi avons beaucoup « trop » payé notre
chamelier : nous n’avions pas de « petits » billets et surtout
aucune idée du montant que nous devions lui donner ! Il faut un certain
moment afin d’intégrer la valeur des biens et des services ici…
Du dos de notre chameau... |
...on regarde les habitants de haut... |
Peut-être le futur hôtel de Kedar |
Après un tour des haveli en recherche d’investisseur, puis
un chaï sous le soleil à l’hôtel, nous reprenons la route, pour le village
d’Udaipurwati, où Rajendra nous a réservé deux chambres dans une Guest House
pour la nuit. Ce type de Guest House sert habituellement pour recevoir les
familles lors des mariages, car jamais aucun touriste ne se rend dans cette
ville. Nous nous installons, puis nous suivons Rajendra à travers les rues
jusqu’à son petit jardin suspendu où un feu de camp nous attend. Il fait bon
malgré la nuit tombée, nous nous éclairons et nous réchauffons grâce au feu
central, tous bien installés dans des fauteuils de jardin acheminés jusqu’ici
pour nous. Tous… pas tout à fait ! Il y a une place pour nous français et
Kedar, une place ou deux supplémentaires, mais pas une pour tous les membres de
la famille venus pour nous rencontrer. On nous sert des verres de rhum-coca, à
base du rhum local (un rhum brun très goûteux, et assez traître de fait). Mais
nous sommes les seuls à boire : en Inde, la consommation d’alcool est
quelque-chose qui se fait « en secret ». Ce sont plutôt les hommes
qui, lorsqu’ils se retrouvent juste entre eux le soir et sans membre de leur
famille, vont se permettre de consommer.
Visite des haveli laissés à l'abandon |
Je suis la seule femme dans ce groupe, nous sommes les seuls
à boire, et je bois du rhum dans un pays où il n’est même pas envisageable que
les femmes consomment de l’alcool. Dans le village, qui a hérité de certaines
traditions musulmanes, les femmes ne découvrent même pas leur visage, entièrement
couvert par un foulard. Je suis donc assez gênée de cette situation… mais
j’avoue ne pas avoir eu envie de m’adapter à la place de la femme dans la
société indienne. Après tout, ça ne semble choquer personne, sans doute
parce-que je suis occidentale justement et qu’ils se doutent que les choses
sont différentes pour les femmes françaises. Mais en même temps, ils n’ont
qu’une façade des choses et ne réalisent probablement pas que c’est toute la
société qui fonctionne autrement : d’où la mauvaise interprétation par les
hommes indiens de la « femme libre » occidentale. Certains doivent
plus y voir une femme « libertine » que « libre ».
Au moment du repas, ils sont plusieurs à nous servir, et
sont à nos petits soins pour veiller à ce qu’on ne manque de rien. Encore une
fois, le repas est délicieux, très copieux et… nous sommes les seuls à
manger ! Je demande à Rajandra pourquoi ils ne mangent pas avec
nous : les invités d’abord. Encore une fois c’est un peu gênant, mais très
touchant.
Udaipurwati au petit matin |
Le lendemain, Rajendra nous attend au Guest House à notre
réveil. Evidemment nous sommes en retard mais cela est chose courante en Inde, à tel point que je suis la première à être prête ! Rajendra nous fait aller
chercher du chaï. Puis nous décollons pour une visite à pied de la ville.
D’abord, une magnifique construction d'anciens bains. De grands
escaliers descendent jusqu’à un bassin. Mais cette merveille historique est ici
un lieu comme un autre et les marches sont envahies de rondins de bois et de
grains de maïs dévorés par les oiseaux. Je
décide de suivre les garçons qui descendent quand-même, en veillant à être
vigilante pour ne pas tomber dans les rondins de bois. C’est passé, je continue
ma descente : je n’avais pas prévu que les grains de maïs seraient plus dangereux !
Mes deux pieds glissent sur les grains, et je chute d’un coup sur les fesses,
en descendant deux marches avant de réussir à m’arrêter avec les coudes.
Les marches fatales |
Le temps de reprendre mes esprits, les garçons m’avaient
rejointe pour voir si tout allait bien, deux villageois déblayaient les rondins
de bois et quinze villageois observaient la scène du haut des marches. Plus de
peur que de mal, je m’en sors avec deux beaux hématomes et un torticolis. Nous
remontons à la voiture, tous les villageois nous observent et se soucient
de mon état. Nous partons lentement vers la maison de Rajendra : les
villageois sont maintenant une vingtaine, et nous suivent ! Voilà même une
voiture de presse qui arrive. Nous descendons chez Raj, sa famille nous
accueille encore très chaleureusement. Je vais nettoyer ma plaie, je suis
suivie par un membre de la famille qui me bombarde de photos. En train de
marcher, de rincer mon bras, de le savonner, de repartir,… C’est très étrange
d’être perçue comme une star !
Nous nous installons au soleil dans le
jardin et on nous sert du chaï. De nouveau, deux types nous prennent en photo
sous tous les angles : j’apprends qu’il s’agit bel et bien de la
presse ! La télé régionale a eu écho du fait que des touristes occidentaux
étaient dans le village : cela n’est pas arrivé depuis 15 ans alors nous
faisons l’objet d’un reportage. Après avoir été filmés et photographiés en
train de boire de chaï, ce sera en train de manger le petit-déjeuner local, des
galettes de pomme de terre et de la faisselle (qui ne sont pas sans rappeler
les spécialités berrichonnes !), puis en train de manger des bananes…
Enfin, nous sommes interviewés pour répondre à des questions qui nous laissent…
perplexes. Le journaliste me demande « Comment avez-vous trouvé les
galettes qu’on vous a servies pour le repas hier ? ». Pas évident de
faire dans l’originalité pour répondre à cette question… !
Après cette expérience dans la peau de ministre, nous
repartirons pour Jaipur en traversant les montagnes qui jouxtent la
région : les paysages sont magnifiques. Il fait beau et chaud, on se sent
parfaitement en vacances.
Kedar, Stéphane & Stéphane, Rajendar, Christophe et notre chauffeur |
Et bien dis donc, toujours autant de beaux détails!! c'est très agréable de te suivre dans ton périple. Comme quoi c'est souvent des petites choses qu'il faut se méfier...des grains de maïs...à quoi se fier;-)! à bientôt la puce gros bisous et vas-y mollo!!!!
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