Le roupie, monnaie indienne, a un cours très intéressant
pour les européens : 1 € vaut 83 roupies. Bien que j’aie rapidement trouvé
le moyen de convertir les roupies en euros par un simple calcul mental, les
nombres à rallonge que j’obtiens me font parfois perdre l’échelle des valeurs,
qui selon les biens n’a parfois rien à voir avec la nôtre. Chaque achat
nécessite un temps de réflexion pour que je sache si le bien est vendu à son
juste prix ou si le vendeur l’a décuplé par quatre devant ma tête de blanche
ahurie.
Dans beaucoup de magasins comme sur tout le bazar de Jaipur
par exemple, ou pour des services comme le rickshaw*, les tarifs ne sont pas
affichés. Il faut donc demander les prix… et négocier. La méthode de Kedar est
simple : divise toujours le prix par deux puis vois si tu peux encore négocier
davantage. Mon problème c’est que je déteste négocier, que les prix ne me
paraissent déjà pas chers et que je me sens donc mal de les compresser davantage.
Mais c’est le cas de beaucoup d’occidentaux en Inde et c’est bien pour cette
raison que de nombreux marchands n’hésitent pas à gonfler copieusement leurs
prix pour nous.
Pour ma dernière journée à Jaipur, où je souhaite faire
quelques courses sur le bazar, j’ai donc demandé à Heena de m’accompagner.
Après 1h30 passées avec elle à l’observer négocier, j’obtiens une idée de la
valeur des objets qui m’intéressent. Je la laisse alors repartir et continue
seule : l’après-midi sera sportive ! Je passerai 3h à chercher ce qui
me plaît, demander le prix, comparer, revenir, négocier,…
J’apprendrai en rentrant le soir que j’ai très bien négocié
le prix de certains articles (2 beaux foulards pour 4€) mais que je me suis
fait complètement avoir pour d’autres : le bijoutier avec qui j’avais sympathisé m’a vendu une bague soi-disant
« semi-précieuse » avec des saphirs pour 22€. En réalité, elle n’est
même pas en argent massif… Déçue de n’avoir pas su gérer ces affaires d’une
main de maître, je me dis que je dois redoubler de vigilance pour ma prochaine
étape : Udaipur, la ville touristique. Vikram m’a mise en garde :
surtout n’achète rien à Udaipur, les vendeurs trouveront toutes les techniques
possibles pour se rendre sympathiques à tes yeux et t’inciter à acheter, mais
là-bas tout sera plus cher qu’ailleurs.
Après 6 heures de train, je débarque donc à Udaipur. Je suis
attendue par le gérant de l’hôtel que j'ai réservé, un ami de Sylvie, la dame par qui j’ai connu
l’association de Pondichéry dans laquelle je dois me rendre 3 jours plus tard. Je
suis rassurée que l’adresse et la personne m’aient été recommandées mais je
reste méfiante, mon expérience passée oblige. A mon arrivée, il m’apprend qu’il
avait compris que j’arrivais à 6h du matin et qu’il m’avait donc attendue une
heure avant de voir que je n’étais pas là. Il ajoute que par conséquent sa chambre
single a déjà été louée mais qu’il me donne une double pour le prix de la
simple. La chambre est magnifique. Je le remercie, mais déjà je me demande si
me faire sentir en dû est une technique pour me vendre d’autres choses ensuite…
comme la visite de la ville en rickshaw qu’il me propose pour le lendemain.
Vue depuis la terrasse de l'hôtel |
Je sors arpenter les rues d’Udaipur et visiter le palace, monument principal. Cette ville construite sur les bords de lacs et entourée de montagnes a un air d’Annecy à l’indienne. Elle est vraiment jolie, mais très vite l’atmosphère hypra-touristique et les dizaines de commerçants qui me sautent dessus à la minute m’exaspèrent. Excédée, je pars visiter des quartiers un peu plus éloignés du cœur touristique, où je souffle de nouveau. De retour à l’hôtel, je décide d’accepter le tour de la ville en tuktuk par le gérant de l’hôtel, ayant déjà visité le principal en cœur de ville. Je reste sceptique sur la réelle nécessité du transport motorisé, mais sans plan de ville et avec un train à reprendre à 17 heures, je me dis que c’est sans doute ce que j’ai de mieux à faire.
Mais le lendemain s’avère une succession événements qui
vont m’énerver. Je découvre certes de jolis endroits un peu à l’écart du
principal flux touristique, mais tout cela avec mon chauffeur impatient. Il
m’emmène dans un magasin de « pashminas » (étoffes de soie), qui font
la réputation de la ville. Dans le magasin, je sens que je dois acheter, mais je ne souhaite pas acheter. Comment savoir si ce
gérant est honnête en me disant qu’il m’amène dans un vrai magasin
artisanal et non dans l’un des nombreux attrapes-touristes de la ville ?
Je devais aussi me procurer un téléphone portable et une
puce indienne, Kedar et Bernadette, la présidente de l’association de
Pondichéry, m’ont tous les deux dit qu’il est très simple et peu coûteux de se
procurer un téléphone en Inde. Je demande donc à mon chauffeur de rickshaw de
m’arrêter dans un magasin de portables. Je demande le téléphone le moins cher
et voilà déjà que le vendeur m’explique qu’il ne peut pas me donner de facture
car son imprimante ne marche plus. Après plus de 5 minutes à insister pour
obtenir quelque-chose, je décide de laisser tomber et m’en tiens à vérifier le
numéro IMEI du téléphone, comme me l’avait préconisé Vikram. Je demande comment
avoir une carte SIM : le vendeur et mon chauffeur me disent que c’est très
compliqué et que cela nécessite 48h avant l’activation de ma carte. Je suis
embêtée car il me faut vraiment un téléphone le jour même. Le vendeur propose
alors de me vendre une carte SIM à lui pour 200 roupies. J’accepte, ne sachant
pas trop si c’est une bonne idée ou si je suis en train de me faire avoir.
Après le tour en rickshaw, je pars visiter le grand temple.
Je tombe pendant une cérémonie, le chant et la bonne humeur des femmes me
détendent. Après un moment, un touriste chinois me fait signe que je peux passer
devant l’autel pour qu’on signe mon front d’un point rouge (ce dont j’ignore
encore la signification exacte). Un garçon commence à me parler et à
m’expliquer des choses sur le temple, puis il me fait signe de le suivre
dehors. Son anglais est très approximatif, mais il a l’air tellement passionné
que je le suis. Après une visite interminable à laquelle je n’aurai rien
compris… il me demande évidemment de l’argent. Énervée, je refuse : je
n’avais rien demandé moi !
En sortant du temple, je tombe alors sur un vieil indien borgne et francophone. Il m’explique qu’il est professeur d’art, il enseigne la technique de peinture sur soie qui fait la réputation d’Udaipur. Il me dit que ses étudiants font justement une exposition de leur travail, qu’ils exporteront très prochainement à Paris. Curieuse, je le suis jusqu’à son école. Dans une salle, trois hommes sont en train de peindre et m’expliquent leur travail. Ils œuvrent avec une minutie sans égal. L’un d’entre eux me montre les collections : évidemment, il attend que je lui achète une œuvre. Un peu énervée, je lui réponds que je suis simplement venue voir par curiosité mais que je ne souhaite pas acheter. Il finit par laisser tomber son argumentation et aperçois mon sac du magasin de téléphone. Interpellé, il me demande ce que j’ai acheté et me dit qu’il est aussi client de ce magasin. J’en profite pour lui parler de ma carte SIM. J’apprends alors qu’une carte SIM n’est pas si compliquée à obtenir et ne coûte que 50 ou 100 roupies.
En sortant du temple, je tombe alors sur un vieil indien borgne et francophone. Il m’explique qu’il est professeur d’art, il enseigne la technique de peinture sur soie qui fait la réputation d’Udaipur. Il me dit que ses étudiants font justement une exposition de leur travail, qu’ils exporteront très prochainement à Paris. Curieuse, je le suis jusqu’à son école. Dans une salle, trois hommes sont en train de peindre et m’expliquent leur travail. Ils œuvrent avec une minutie sans égal. L’un d’entre eux me montre les collections : évidemment, il attend que je lui achète une œuvre. Un peu énervée, je lui réponds que je suis simplement venue voir par curiosité mais que je ne souhaite pas acheter. Il finit par laisser tomber son argumentation et aperçois mon sac du magasin de téléphone. Interpellé, il me demande ce que j’ai acheté et me dit qu’il est aussi client de ce magasin. J’en profite pour lui parler de ma carte SIM. J’apprends alors qu’une carte SIM n’est pas si compliquée à obtenir et ne coûte que 50 ou 100 roupies.
Je suis au bord de la crise. Tous ces arnaqueurs m’ont tapé
sur les nerfs et j’ai l’impression dans cette ville d’avoir été lâchée dans une
arène de tigres. Je n’ai qu’une envie : en partir. Je décide donc de
marcher à la recherche d’un endroit un peu au calme pour pouvoir passer mes
coups de fil. Mais en Inde, ville et endroit calme est une vraie antithèse. Je
passe par quelques magasins de téléphones pour vérifier le prix et la procédure
pour activer une carte SIM : j’obtiens des informations très différentes.
Dépitée, ne sachant plus du tout si je me suis réellement faite avoir ou pas,
je retourne à l’hôtel et décide d’attendre patiemment mon train, avec un petit
goût amer.
* Rickshaw : plus souvent connus sous le nom de
« tuktuk », les rickshaw sont des taxis à 3 roues, motorisés
(autorickshaws) ou traditionnels (vélos armés d’une petite charrette).
Merci ma puce de ce bon moment de dépaysement! Tu t'en sors bien, même si ce n'est pas toujours facile de voyager seule, proie idéale pour les requins/filous, mais même en étant prévenu, il faut une bonne dose de patience pour éviter le harcèlement des vendeurs!
RépondreSupprimerTout va bien pour la famille Allain de Rantère!
Bonne continuation pour ton périple ma chérie et reste bien sur tes gardes, continue à être vigilante! Je te fais plein de gros gros bisous et à bientôt te lire
Tu es vraiment une bleue...
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