mardi 7 janvier 2014

Une vraie journée de touriste

Amber fort
Après avoir passé un week-end dans un lieu confidentiel où touriste rimait avec ministre, je suis passée à la pure condition de touriste : vêtue de ma veste Quechua et de mon appareil photo, j’ai acheté un billet couplé pour visiter les principaux monuments de Jaipur : 350 roupies (4 €), 5 monuments, 48h de validité.
Première visite : l’incontournable « Amber fort » perché sur les hauteurs de Jaipur.  Amber était la ville des Maharajas du Rajasthan, dominée par un magnifique palace où vivait la cour jusqu’au XVIIIe siècle, avant que Jaipur ne fut construite à quelques kilomètres de là. C’est le roi Jai qui fit entièrement construire la nouvelle ville en 1727 sur un plan en damier, tout à fait avant-gardiste pour l’époque. La ville de Jaipur (« La ville de Jai ») est surnommée « La ville rose » du fait de ses murs entièrement peints de la couleur de la bienvenue, qui est aussi celle de la pierre locale.



L’Amber Fort est connu pour être rejoint par les touristes à dos d’éléphant. Nous ne sommes pas allés pousser la visite touristique jusque-là, même si j’avoue qu’une balade à dos d’éléphant m’intrigue encore plus qu’à dos de dromadaire. Nous sommes harcelés par tous les guides individuels qui veulent nous proposer une visite guidée : nous refusons car il y a déjà une chance sur deux que les guides ne soient pas réellement agréés comme ils le prétendent et même s’ils l’étaient, encore faudrait-il que l’on puisse comprendre leur anglais à l’accent indien fort prononcé. Les vendeurs de cartes postales et autres bouis-bouis cherchent eux aussi à nous faire acheter les objets les plus kitsch
que je n’aie jamais vus : un chausse-pied paon, une image des dieux hindous qui change selon l’inclinaison de la plaque et toute sorte d’objet brillant et pailleté.



Il y a beaucoup de monde au fort, mais finalement peu d’occidentaux : c’est là que je découvre pour la première fois l’importance du tourisme intérieur en Inde. Une partie de la population indienne a acquis un pouvoir d’achat assez élevé pour pouvoir voyager, mais pas assez encore pour visiter les destinations occidentales, le taux de change leur étant bien trop défavorable. Beaucoup voyagent donc à l’intérieur du pays, notamment du Nord au Sud et du Sud vers le Nord. Le dépaysement n’en est toutefois pas moins important car l’Inde est un pays multiculturel, artificiellement uniformisé par les anglais. Il compte en réalité 860 langues différentes (dont 30 parlées par plus d'un millions de locuteurs) et des habitudes culturelles variées.

Ma visite touristique de Jaipur continue le lendemain avec en premier lieu un site classé Unesco : le Jantar Mantar, la collection des instruments d’astronomie du Maharaja Jai. Dans un grand parc en plein milieu de la vieille ville se dresse de nombreuses architectures étranges et fascinantes, toutes ayant une fonction différente pour : lire l’heure, retrouver les constellations dans le ciel, mesurer la distance d’une étoile à la terre,… une véritable prouesse scientifique pour l’époque.





Hawa Mahal
Je continue avec le Hawa Mahal ou Palais des Vents. Construit sur 5 étages, ses fenêtres rapetissent au fur-et-à-mesure de son ascension, pour permettre à la fois aux femmes d'observer la cour sans être vues, selon la tradition musulmane, ainsi que de laisser passer le vent et maintenir une température fraîche.

En sortant, je cherche à m’éloigner de la zone touristique pour aller récupérer tranquillement un rickshaw sans me faire harceler par les commerçants et conducteurs qui triplent leur prix pour les gens de peau blanche. Je remonte donc le bazar, lorsqu’un homme m’arrête pour me suggérer d’aller visiter le temple de l’autre côté de la rue. Je lui réponds que je l’ai déjà visité la semaine précédente, alors il me dévisage et me réponds : « mais je vous ai déjà vue ». J’en conclue que c’est l’un des hommes qui m’avaient conseillé la visite du temple lors de ma folle journée. Mais alors que je m’apprête à repartir, je vois une main qui se tend vers moi et un « hello ! ». Je tourne la tête, et je reconnais le vendeur de bijoux que j’avais rencontré dans ce fameux temple. Nous échangeons quelques mots, et je lui explique que je m’en vais visiter le « Tiger fort », la dernière des visites de ma journée. Il me conseille alors de ne pas prendre un « autorickshaw » (tuktuk motorisé), qui empruntera la longue route qui contourne la montage et qui me coûtera un peu cher. A la place, il me suggère de demander à un rickshaw traditionnel (tuktuk à vélo) de me déposer au pied de la colline et de monter à pied. De loin, le fort semble bien haut et je me demande comment il est possible d’y accéder à pied. Il me certifie pourtant qu’il faut 30 minutes pour cela. Je me souviens qu’à mon arrivée Kedar m’avait dit la même chose et je décide de suivre le conseil du bijoutier. Il m’appelle donc un tuktuk, et je teste alors mon quatrième moyen de transport en Inde, après le scooter, la voiture et la moto. C’est aussi celui qui me plait le moins : il est très gênant de voir cet homme pédaler et faire autant d’efforts pour me transporter.

Cour du palais des vents

Vue sur la rue depuis le palais des vents


Plus nous approchons de la colline, plus je suis sceptique sur cette fameuse ascension à pied : le fort paraît toujours si haut ! Finalement, le tuktuk me dépose au bout de la ville, dans un quartier intouchable, et m’indique le chemin. Après quelques pas, je constate qu’un chemin mène effectivement au fort, et que la route n’a finalement pas l’air si compliquée. En montant, je me fais arrêter par deux ados au look moderne qui me demandent à faire une photo avec moi. Ils ont l’air gentil, j’accepte. Mais après quelques dizaines de mètres seulement, je suis de nouveau sollicitée. Et je me rends compte que tous les gens que je croise me demandent une photo. J’en accepte 4 d’affilé jusqu’à ce qu’un garçon ait les mains baladeuses : je m’énerve contre lui et m’en vais. Ses excuses n’y feront rien ! Je continue mon chemin, éblouie par la magnifique vue sur la ville au fur-et-à-mesure que je prends de l’altitude. Je suis bien contente d’être tombée sur le bijoutier et d’avoir reçu ce conseil.

Le fort paraît pourtant bien haut !

Mais il y a effectivement un chemin qui y mène facilement ...

Mais en arrivant en haut de la colline, je tombe sur un autre jeune homme aux mains baladeuses : celui-ci ne voulait pas une photo, mais il m’aurait payée pour que je le laisse toucher. Je m’énerve gravement contre lui et pars d’un pas décidé. Je me sens offusquée. C’est le mal des indiens ici : d’une part, la majorité des mariages sont arrangés, donc les couples sont probablement peu à être épanouis. Ensuite, les hommes étant beaucoup plus nombreux que les femmes (puisque de nombreuses filles sont tuées à la naissance), un grand nombre d’entre eux ne seront même jamais mariés. Et enfin, l’image des femmes occidentales véhiculée par le cinéma américain contraste avec la pudeur extrême des indiennes et les indiens voient donc les occidentales comme des femmes faciles. De fait, ils s’imaginent qu’ils peuvent nous toucher librement.

La photo prise par "l'agent de sécurité"...
Je passe l’entrée du Tiger fort, toujours énervée. Je découvre une place forte un peu à l’abandon. Un agent de la sécurité vient à ma rencontre et me demande si je souhaite voir la vue sur la ville. Je me dis que les accès ne doivent pas être tous sécurisés (en Inde les normes ne sont pas du tout celles de la France) et que ces agents sont donc là pour sécuriser la visite. Mais au fur-et-à-mesure qu’il me fait visiter le fort je me rends compte qu’il n’a rien d’un agent de sécurité et que ce type a juste utilisé ma crédulité d’occidentale pour me faire une fausse visite suite à quoi il me demandera un pourboire. Peu rassurée, j’écourte la visite. Il me demande effectivement 100 roupies, je lui en donne 20, pensant toujours qu’il m’avait fait visiter le fort. Mais je continue quelques dizaines de mètres et que vois-je… une nouvelle entrée. La vraie visite n’avait pas du tout commencé. Je découvre un magnifique palais qui dévoile un toit majestueux sur les hauteurs de Jaipur.






Écœurée par mes deux mauvaises expériences précédentes, je ne profite pas autant que je l’aurais aimé de cette visite… Mais je garde quand-même le beau souvenir de la vue splendide sur la ville rose.

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3 commentaires:

  1. Jolies photos mais fais gaffe à toi!
    Bises
    Olivier

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  2. Je suis tout à fait d'accord avec Olivier.....A bientôt un nouveau récit de tes aventures et gros bisous!!

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  3. Tout à fait d'accord avec Olivier.... A bientôt un nouveau récit de tes aventures et gros bisous! Chris

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