Gare d'Ahmenabad au petit matin |
Après bientôt deux semaines passées en Inde, je réalise que
ce contraste entre tradition et technologie est particulièrement frappant dans
le pays. Les femmes sont vêtues avec des tenues tout à fait traditionnelles
qu’on ne trouve dans aucun autre pays, quelques soient leur âge ou la taille de
la ville. Les hommes ont un style beaucoup plus « occidental », mais
à la mode des années 80, tout comme l’esthétique des décorations d’intérieur. Rares
sont les foyers à être équipés d’Internet, mais énormément d’indiens possèdent
smartphone connecté à la 3G. Dans une même rue, des voitures climatisées
doublent un homme qui tracte une charrette, un bus croise une vache, un scooter
freine pour laisser passer un tricycle transporteur de voyageurs (le fameux
tuk-tuk). Dans une même ville, un forgeron tape son fer assis sur le sol en
terre battue de la rue à deux pas des cochons et des vaches qui se disputent un
tas de déchets, tandis que des hommes en costard, quelques kilomètres plus
loin, rejoignent leurs bureaux climatisés pour négocier un contrat avec un
partenaire étranger en visio-conférence.
A quelques kilomètres des rues où se succèdent petits
commerçants et étalages de légumes des femmes des campagnes venues vendre leur
production, s’élèvent de grands bâtiments qui abritent des centres commerciaux.
A l’intérieur, des enseignes internationales affichent leurs vitrines et
discrets sont les indices qui permettent de savoir si l’on se trouve en Europe,
en Amérique du Nord ou en Inde.
Ma visite d’Ahmedabad fut l’archétype de ce constat. A la
recherche d’un office de tourisme et d’un bureau de change, je me retrouve à
traverser une grande rivière dont les quais aménagés et luisant de propreté ne
sont rien de tout ce que j’ai pu voir jusqu’à présent. De l’autre côté de la
rivière, je découvre une ville aux artères larges et presque entièrement bordés
de trottoirs. De hauts immeubles accueillent les institutions régionales, banques
et grandes enseignes. Alors que je cherche désespérément un lieu pour changer
mes derniers euros en roupies, une petite mendiante m’agrippe et me suit sur
plusieurs mètres. Je sais qu’il n’est pas bon de donner de l’argent aux enfants
qui mendient dans la rue, car il y a peu de chance que l’argent leur revienne
et parce-que cela entretient un système d’assistanat où les plus riches,
notamment « les blancs », donnent de l’argent sans que celui-ci ne
puisse résoudre quelconque problème de pauvreté. Si cette misère nous attriste,
il est bien préférable de faire des dons à une association dont les fonds
seront utilisés à bon escient, en faveur de l’éducation des enfants par
exemple. Je résiste donc malgré moi, alors l’enfant finit par lâcher prise
avant qu’un autre petit garçon ne vienne et soit encore plus insistant. Je
décide d’aller lui acheter un paquet de gâteaux. Au magasin d’en face, l’enfant
parle au commerçant. Je lui demande ce qu’il lui demande : de me vendre
quelque-chose à 50 roupies (ce qui est une valeur énorme pour un enfant). Je
refuse et lui offre un paquet à 5 roupies.
Je finis par quitter ce quartier moderne, avant de regagner
le cœur historique de la ville. Je me retrouve dans un immense marché de
vêtements et autres accessoires, de contrefaçon notamment. J’ai lu dans mon
guide qu’Ahmedabad est une ville qui vit en grande partie sur l’industrie
textile. J’en conclue que de grandes marques doivent avoir leurs usines de
fabrication ici, d’où la profusion de ces articles de contrefaçon. Je continue mon
chemin et arrive dans un quartier musulman à l’heure du marché. Les moutons
découpés qui pendent forment une haie d’honneur dans cette rue aux allures
moyenâgeuses et à l’odeur nauséabonde de la viande qui gît au soleil.
Je quitte rapidement l’endroit et rejoins un marché aux
légumes bien plus agréable à traverser, tant pour les couleurs que pour les
odeurs, puis me laisse entraîner au fil des rues de cette ville ancienne, dont
les maisons ont un style architectural qui ne ressemble pas à ce que j’ai pu
voir jusque-là. Je continue, sans plan, à la recherche d’un parc que j’ai pris
le temps de situer sur Internet avant de quitter l’hôtel. Après une heure de
marche dans la bonne direction, j’atteins un quartier résidentiel propre et
assez vert, qui me conduira à l’entrée de ce parc. Un enfant qui mendie
m’arrache la glace que j’ai dans les mains. Je découvre qu’il faut payer 10
roupies et se faire fouiller pour entrer dans ce parc. La dame,
particulièrement peu sympathique, me « confisque » un paquet de
chewing-gum, qui atterrit directement dans son sac à main… Enervée, je décide de
profiter tout de même de cette promenade au bord de l’eau et au soleil, dans
cet environnement aseptisé, comme jamais je n’aurais pensé trouver en Inde. Le
style vestimentaire des visiteurs et leur équipement en téléphonie mobile en
dit long sur leur classe sociale.
En retournant à l’hôtel, je tomberai de nouveau sur des enfants des rues et traverserai les trottoirs bordés d’animaux et les familles qui vivent dans de petites habitations précaires, heureux que je leur offre la carotte qu’une commerçante m’a elle-même offerte sur le marché…
Enfants des rues |
Jeunes filles au parc |
En retournant à l’hôtel, je tomberai de nouveau sur des enfants des rues et traverserai les trottoirs bordés d’animaux et les familles qui vivent dans de petites habitations précaires, heureux que je leur offre la carotte qu’une commerçante m’a elle-même offerte sur le marché…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire